Sunday, March 2, 2008

Démocratie: posologie

J'ai fait la grasse matinée à matin. J'm'ai levé juste à temps pour écouter Kiosque sur TV5, ma gang de nerds internationaux hebdomadaire. Même si je suis pu à l'université (en break jusqu'en septembre) ça veut pas dire qu'y faut que j'laisse mon cerveau changer en jello, quand-même!



Cette semaine, les journalistes de Kiosque parlaient de l'élection (si on peut l'appeler ainsi) en Russie.



Je sait pas pourquoi l'histoire de la Russie m'intéresse tant que ça. C'est peut-être parce que ce pays-là ressemble pas mal au Canada; l'hiver, l'industrie des fourrures, le hockey. Eux aussi ont un cliché rural, pour pas dire arriéré qui leur colle à la peau (chu tu ben la seule à trouver un p'tit air de famille entre Babushka pis la Sagouine?).



Mais en tout cas, je vois ce qui se passe dans ce pays là pis ça fait un bon bout de temps que j'ai envie de dire ce que je pense.



Au début des années 1990, la chute de l'Union Soviétique était le happy ending du vingtième siècle à en croire la façon dont les journalistes en ont parlé. Seulement l'histoire nous a montré que cette victoire du "bon" capitalisme sur le "méchant" communisme est bien plus compliqué que ce que la Guerre Froide nous a fait espérer. C'était une victoire pour les États-Unis républicains. And then what? Un pays vaincu, toute une moitié du monde déstabilisée, des anciens pays satellites avec une économie en ruines quand ils ne se lancent pas dans des guerres génocidaires (Croatie, Bosnie). Un happy ending? Une victoire pour la démocratie? Seulement une victoire pour la partie la plus chauvine et plus simpliste d'une certaine Amérique manichéenne, un bouleversement énorme pour tout le reste (pas nécessairement bon ou mauvais, par exemple).



Et la Russie dans tout ça? De Pierre le Grand à Staline, il suffit d'obsever l'histoire pour se rendre compte que même si la Russie se développe relativement tard, elle a toujours débordé d'ambition. Elle ne s'est jamais contentée de moins que d'un empire (qu'elle a perdu en 1991). Qu'arrive t'il quand quelqu'un de fier fait face à la défaite? Il revient à la charge!



Pour l'Occident, qui considére la démocratie comme la source de tout bien politique, le fait qu'un pays aussi important, aussi moderne (qu'est ce qui fait la modernité d'un pays justement?) que la Russie retourne presque docilement à la dictature relève du mystère.



Kant a écrit qu 'il est plus facile d'être esclave que libre. Dans le même angle d'idée, une dictature puissante, parlant d'une voix unique qui dit quoi penser, triomphaliste, pleine d'illusions de grandeur mais par-dessus tout stable est souvent plus séduisante pour une nation fière qu'une démocratie pour laquelle il faut faire l'effort de penser constamment, de débattre, qui nous dit que l'on est plus ou moins un pays comme les autres sans grand dessein pour flatter le sentiment nationaliste ou l'insécurité règne. C'est pourquoi la France, après en avoir eu assez de la Terreur, s'est jetée dans les bras de Napoléon. C'est aussi pourquoi l'Allemagne, après avoir connue la démocratie de Weimar à l'économie moribonde et la défaite de 1918 a renoué avec le grand dessein pangermanique en créant un troisième Reich (en nostalgie par rapport au premier Reich, le Saint Empire Romain Germanique et le second, l'empire allemand sous Bismarck, tous deux des dictatures mais aussi des âges d'or pour le peuple allemand.)



En fin de compte, l'énigme Russe n'a rien d'une énigme mais est plutôt un pattern qui s'est répété plus d'une fois ailleurs. La Démocratie n'arrive presque jamais sans grands heurts selon le modèle américain. Après la dictature il y'a une certaine période de relatif cahos (la Terreur dans le cas de la France, les années Eltsine dans le cas de la Russie) à laquel on finit par préférer une dictature qui a l'avantage d'être stable. Peuvent s'en suivre d'autre chocs ou une démocratisation plus ou moins en pente douce. Ça a été le cas pour la plupart des États-nations européens; l'Espagne (République, franquisme puis démocratisation (1970-nos jours), L'Angleterre (Révolution, Cromwell puis démocratisation lente (XVIIIe siècle-ère victorienne). C'est probablement ce qui va se passer en Irak (un gouvernement autoritaire (pro américain ou Chiite à l'Iranienne) va mettre fin au cahos actuel tôt ou tard, s'en suivra une démocratisation plus ou moins lente).



Les seules exceptions que je connaît à cette règle sont les États-Unis (ils ont conçu sur mesure le modèle de démocratisation d'un seul coup, ça ne pouvait pas faire autrement que marcher dans leur cas!) et encore, ils se sont déchirés Nord/Sud dans une guerre civile encore presque cent ans plus tard.



L'autre exception ce sont les anciens dominions britanniques, dont le Canada. Dans ce cas là, la t démocratie ne s'est pas faite d'un seul coup mais leur a été concédé peu à peu sans brûler les étapes; pour le Canada; indépendance pour les affaires intérieures en 1867, indépendance pour les affaires extérieures en 1931, rapatriement de la constitution en 1982 et l'étape ultime sera la séparation par rapport à la couronne britannique (20??) qui viendra tôt ou tard avec l'instauration d'une (ou des) républiques.



En fin de compte, on considère trop souvent la démocratie comme une panacée magique qui résous tous les problèmes d'une nation mais ce n'est pas le cas. C'est plutôt le contraire; ce n'est pas une fois que la démocratie est installée que tout se règle comme par enchantement mais c'est plutôt quand les choses vont déjà bien que l'on peut se permettre une démocratisation. La Russie, l'Irak, se démocratiseront bien un jour seulement un ne peut pas demander à un enfant de six mois de compter jusqu'à mille. Le jour viendra ou ils seront prêts. Ça peut prendre des siècles, ça peut prendre des mois mais ça viendra.

2 comments:

cr0vax said...

Je connais pas trop mal la russie car mon père habite à Moscou. Je vais bientôt aller au Canada (à Moncton) car la francophonie en amérique me fascine.

Honnêtement, plus cela va, plus j'ai l'impression que les russes ne sont pas faits pour la démocratie.

Cela ne veut pas dire que Poutine est un dictateur, il est réellement très populaire là bas. Il ne devrait pas avoir besoin de tricher aux élections, mais là bas, un bon président doit remporter 70% des voix. Il doit être fort et acclamés de tous.

Une autre mentalité, une autre culture.

Les USA eux se sont construits par opposition aux anglais. LA logique est très différente

Marc in the Sky said...

sérieusement, la démocratie est overrated. Jpense pas que les russes carent trop pour la démocratie right now. Ils aiment Putin, pis son successeur Medvedev.

Faut aussi dire qu'ils n'ont pas vraiment eu le choix non plus...

Faut aussi dire que dans la plupart des "démocraties" occidentales, notre démocratie n'est pas trop large non plus. On s'assure, par la pression sociale, fermement enracinée dans l'idéologie capitaliste de libre marché qu'on veule choisir entre des candidats qui n'ont que des politiques fiscales différentes dans l'essentiel plus d'argent ici ou la.

On est comme dans une onde qui oscille, des fois d'un coté de l'onde, des fois a l'autre, on a meme le choix, mais on n'a pas le choix de changer d'onde, et on s'assure qu'on ne puisse pas également dévier l'existante.

Au canada, les conservateurs signent le nafta, les libéraux signent le wto pis le FTAA, les conservateurs restent dans la politique néo libérale, les libéraux changeront pas ca. Ils y donneront peut etre une image "sociale". Different shit, same pile as the saying goes.

Choisir autre que Medvedev en russi e aurait probablement signifié une déviation assez large de l'onde russe et c'était hors de question. Les méchanismes de controle sont juste moins subtils la bas.