Tuesday, February 3, 2009

Militantisme de brailleux!

Comme tout le monde la semaine passée, j'ai pas pu trouver grand chose à la téloche à part l'investiture d'Obama. Ben oui, ben oui, c'est historique pis on est enfin débarrassés de W. mais même moi, j'ai mes limites sur combien de fois je peut entendre la même histoire dans une seule journée.

La seule autre histoire qui a pu se faire un toute petite place, c'était une pension alimentaire format géant. Une belle histoire croustillante de linge sale de gens riches mais sans noms, avouez que c'est comme un fricot sans poulet.

Une pension alimentaire de cinquante millions...

Cours, ti-bonhomme, sauves-toi. Je vois d'ici les magazines de gars et les magazines de filles se répondre sur le ton de les « les gars sont niaiseux » pis les « les filles sont épaisses » qu'on entendait avant dans les cours d'école primaire. Ils me font penser aux parents de mon ex. Ils se sont séparés quand il avait deux ans et quand j'ai sorti avec (il avait presque la vingtaine), ils refusaient toujours (littéralement) de s'adresser la parole.

Les gens ont tout le temps eu des peines d'amour. Elles ont toujours fait mal tant au cœur qu'a l'orgueil. Ce qui est nouveau et qui ouvre la porte à une stupidité sans bornes, c'est qu'on donne aux ex-amants la chance de se venger, tout en prêtant une attention disproportionnée à une des pires conneries de notre époque; La guerre des sexes. Comme si les hommes et les femmes étaient deux espèces différentes s'envahissant l'une l'autre tout en oubliant qu'ils font partie de la même espèce et que leurs intérêts dépendent les uns des autres.

Je trouve franchement imbécile et voyeur qu'on mettre sur le même pied d'égalité un procès pour meurtre et un crêpage de chignon où un enfant est balloté pendant toute son enfance entre deux parents trop occupés à défendre leur orgueil et à se faire mutuellement chier pour se rendre compte que la vie continue et qu'il existe, qu'il est humain, ce pion qu'ils s'arrachent sans savoir quoi faire avec. Vous savez, l'être humain miniature qui figure sur le contrat entre la maison et l'auto.

Certains de ceux-là essaient de nous attendrir en disant qu'ils veulent voir leur pauvre petite progéniture plus souvent. Je ne serait pas surprise d'entendre parler qu'après qu'ils en aient eu la garde, ils n'en voudraient plus parce que l'enfant en question, c'est le dernier de leur soucis. Tout ce qu'ils veulent, c'est que l'autre ne l'ait pas.

La loi comme telle est moins à blâmer que la cupidité et l'immaturité de ceux qui y recourent. Les plus censés dans l'affaire, ce sont les enfants ( on peut pas faire autrement que de devenir vite adulte, quand ceux qui devraient être les plus matures deviennent, du jour au lendemain, le temps d'apprendre que l'autre a eu une aventure d'un soir, les plus cons.). On s'insurge contre l'enfant roi qui accepte tous les cadeaux que les parents divorcés lui donnent pour acheter leur amour. Pourquoi est ce qu'ils ne les accepteraient pas? Ce sont les grands qui sont trop cons pour être un peu matures, qu'ils paient! Pourquoi les enfants devraient ils se sentir coupables? ! La plupart du temps, ils ne demandent même pas ces pot-de-vins affectifs.

Le changement que le cas apporterait à la loi semble pourtant être logique. Les couples mariés et non-mariés sont à peu près pareils dans la vie. Pourquoi ne devraient-ils pas l'être devant la loi? Parce que c'est une faille du système dans laquelle plusieurs personnes se réfugient.

Quelques prophètes de malheur nous prédisent « un coup de hache dans la famille ». On croirait peut-être encore à l'apocalypse si on ne nous le prédisait pas depuis qu'Henri Bourassa gueulait contre le droit de vote des femmes.


J'embarque pas dans la guerre des sexes, vraiment pas. Je me considère féministe, mais j'ai mes réticenses sur le féminisme de première génération. On a tout fait pour les mères, pour les guerrières, pour les victimes mais qu'a-t on fait pour les femmes? On divise encore entre pauvres petites chouettes qui ont été violées ou qui sont sagement frigide ( Pas physiologiquement vierges mais qui en ont toujours la pureté (eeeugh! Ça doit bien être le mot le plus détestable du dictionnaire!) puisqu'elles n'ont pas été perverties par le plaisir.) et de l'autre côté, les traîtresses qui s'habillent pour plaire aux méchants hommes ou qui écoutent de la porno. Elles ont certainement du se faire laver le cerveau! Supottes du patriarcat! Trouvez-moi un exorciste!

Subtil descendant du complexe de la madonne et de la putain.

J'ai jamais demandé à être une Sainte Vierge en plâtre, juste une femme, un être humain femelle et les être humains, d'habitude, aiment fourrer. Pardonnez-moi de ne pas me forcer pour faire exception à la règle.

Tout ce braillage, cette célébration de la souffrance, ce culte de la victime, n'a rien de féministe. Il ne fait que récupérer l'idée que les femmes sont naturellement plus faibles que les hommes et vouées à une vie de misère et que le plaisir n'est surtout pas pour les femmes. J'ai commencé (mais jamais fini) un cours sur la philosophie de féminisme. Premier cours; une looongue litanie de statistiques sur la violence conjugale, les viols, les suicides...bon Dieu, que ça peut être encourageant! On fait aussi des programmes pour envoyer les filles à l'université. Est ce que ça n'envoie pas le message qu'elles sont trop faibles pour y aller toutes seules parce qu'elles sont des filles? Est ce que ça ne renforce pas ce que les américains appellent la « learned helplessness » ( impuissance acquise)?

En parlant de learned helplessness, j'ai lu une théorie assez intéressante dans un livre sur les troubles alimentaire (Psodynamic Treatment of Anorexia Nervosa and Bulimia, sous la direction de Craig Johnson. Publié chez Guilford press en 1991. Trouvé au YWCA de Moncton);

N'importe quel psychanalyste (ou tout bon jos connaissant bien informé) vous dira que n'importe quel bébé n'a qu'un seul dieu; sa mère. Les hommes en tirent une idée générale de ce qu'est une femme et recherchent cette perle rare (pas ce qu'était vraiment sa mère mais l'image idéalisée qu'il en a gardée) chez les autres femmes. Les filles en tirent aussi une idée de ce que doit être une femme sauf qu'au fur et à mesure qu'elles deviennent elles-mêmes femmes, elles ont le fardeau d'y ressembler. Je le répète, ce n'est pas à ce que leur mère était vraiment qu'elles veulent ressembler mais à l'image idéalisée qu'elles en ont gardée. Je me rends compte que ce n'est pas loin de la vérité à chaque fois que j'entends ma mère dire « Je sait pas quoisse que j'fait de mal, mais mame faisait ces biscuits là ben mieux que moi » ou « mame était capable de rendre ce plancher la ben plus beau que moi ». Sa mère faisait toujours mieux, même quand elle envoyait sa fille chercher elle même une hart dans champ pour la battre avec (un framboisier sauvage, ça a des épines, ouch!). Pourtant, elle continue de l'idéaliser.

Les livres imaginaires qu'on s'ordonne de perdre, les six cent soixante-six coussins blancs qui doivent toujours être immaculés peu importe qui s'assoit dessus ( comme si on avait pas mieux à faire), toutes les épreuves de féminité que l'on cherche dans les magazines de femmes (écrits par d'autres femmes), c'est pour ressembler à cette déesse de la santé du sexe, de l'amour, de la propreté, de la vertu, du confort que l'on croit naïvement que notre mère était.

Ainsi donc, les sacro-saintes mères peuvent aussi être destructrices. D'habitude, on pense que ce sont les pères qui sont coupables de tous les mots, tous violeurs en puissance, tous incestueux si on leur en donnerait la chance. On les oblige donc à materner.

Or, trop de maternage n'est pas destructeur. Il ne détruit pas ce qui a été construit. Il empêche que quelque chose soit construit. Il traite le moindre petit inconfort comme un cancer en phase terminale. L'enfant ne connait pas la douleur donc n'arrivera jamais à s'endurcir et tombera en morceaux à la première occasion. Il n'aura jamais à prendre conscience que la mort existe, n'aura jamais à savoir quoi faire de son temps parce qu'une armada d'éducateurs travaillent jour et nuit pour lui éviter la peine d'apprendre par lui-même.

J'ai vu un reportage à la télé américaine (ben oui, j'écoute pas juste la télé francophone, câllez la SNA!) intitulé Extreme Motherhood. Ça parlait, entre autres, d'une femme qui a servi de mère porteuse neuf fois (enceinte sans sexe d'un enfant qui n'est pas le sien. On ne trouve rien de plus près de l'Immaculée Conception!) et d'une femme qui allaite ses enfants de huit ans, à un âge où ils auraient dû depuis longtemps trouver des sources de réconfort à l'extérieur. Ce sont des cas extrèmes de certaines mères qui n'ont aucun intérêt à ce que leur enfant grandisse et s'émancipe. Elles ont besoin d'un petit être sans défense, d'un périphérique externe pour sentir qu'elles sont indispensables à quelqu'un pour légitimer leur existence et leur féminité. Ce n'est jamais assez pour elles d'être femmes, il leur faut même être plus qu'une mère. Il leur faut être une déesse. Leurs filles apprennent ce que c'est d'être une femme en observant leur mère qui, en fait, refuse d'en être une.

Si pour certaines ce n'est jamais assez d'être une femme, c'est peut-être parce qu'on a jamais célébré la féminité autrement que par la maternité. On porte aux nues les mères, les victimes et les guerrières mais jamais les femmes qui ne sont pas parfaites et n'essaient pas de l'être.


Eh non! Le féminisme n'est pas parfait, pas celui de première génération en tout cas mais n'allez pas vous imaginer que c'est meilleur de l'autre côté. À la démonisation des mâles, le masculinisme répond par leur victimisation à outrance, comme l'ont fait les premières féministes. Même les assassins deviennent de pauvres petites victimes qui n'ont pas su trouver de l'aide sous leur loupe. Ils semblent penser que toute la planète entière est devenu un énorme matriarcat sans visage qui conspire dans le but de leur enlever leur char. C'est la récupération d'un militantisme de brailleux dans lequel l'insulte suprême, mysogyne, est remplacé par misandre. Certains essaient même d'empêcher un avortement fait sans leur bénédiction parce que ça les prive d'une descendance (comme s'il n'y avait pas assez de femmes pour qu'ils la plantent ailleurs, leur descendance). On dirait que l'envie d'utérus (l'envie de s'approprier le processus de reproduction) a remplacé l'envie du pénis de Freud.

Certains chialent qu'on féminise les hommes mais en faire des victimes, n'est ce pas l'acte le moins viril qu'on puisse en faire?

Oui, c'est vrai que certains hommes passent des temps difficiles (les femmes aussi). Ça s'appelle la vie est c'est pas toujours facile. On est pas toujour responsable de ce que la vie nous garoche mais on est responsable de notre manière de réagir. S'il manque de services d'aide, pourquoi est ce qu'on enlève pas ces étiquettes « services d'aide pour les femmes » et « services d'aide pour les hommes » et qu'on ne donne pas de l'aide tout simplement aux gens, tous sexes confondus. Pas de jaloux!

Et encore, il ne faut jamais sous-estimer la stupidité de la guerre des sexes, ni à quel point certains frais divorcés peuvent aller pour ridiculiser l'autre bord.



By the way, merci beaucoup au prof. Denise Lamontagne pour m'avoir fait réaliser qu'on peut être féministe sans pour autant prendre Andrea Dworkin au mot et être lesbienne.